La science, la cité

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Ce que le blog apporte à  la recherche

Jeudi soir avait lieu la soirée "Science 2.0" organisée par l'association C@fetiers des sciences. Je tiens à  remercier ceux qui nous ont rejoint pour la soirée : lecteurs de ce blog et d'autres, blogueurs du C@fé des sciences, membres de l'association, membres d'associations amies comme Plume ! ou Paris Montagne, journalistes et acteurs de la science en tous genres. Quelques photos sont à  retrouver sur la page Facebook du C@fé des sciences.

 Organisàƒ©e par l'association C@fetiers des sciences, au Centre de recherches interdisciplinaires<br /><br />Photo : Emmanuel

Je remercie également les intervenants : François Taddéi qui nous a offert de nombreuses pistes de réflexion sur l'histoire du transfert d'information, les révolutions majeures qu'ont été Internet ou le livre et la pratique scientifique du futur (avec notamment l'idée des scientifiques robots) et Gloria Origgi qui nous a expliqué comment le projet Liquid Publication vise à  "casser" l'article scientifique, en dissociant la fonction de communication scientifique de celle de l'évaluation, et nous a conduit à  travers quelques expériences dans le domaine de la philosophie avec son site Interdisciplines.

Pour ma part, j'ai pris un parti très pragmatique pour montrer ce que le blog peut apporter à  la recherche, à  travers une galerie d'exemples et quelques recommandations. Malgré un titre très similaire, il ne s'agit pas d'une redite de l'article écrit pour InternetActu (le titre me plaisait bien — je le dis d'autant plus facilement que ce n'est pas moi qui l'ai trouvé —, je me suis donc permis de le recycler) mais un extrait d'un diaporama plus long destiné à  présenter les blogs de science aux chercheurs. A noter que la technique m'a trahi et que j'ai été bien heureux d'avoir justement cette présentation en ligne sur Slideshare… science 2.0 rules!

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Soirée "Science 2.0" à  Paris le 27 novembre

J'avais promis de vous reparler de l'association C@fetiers des sciences, qui est née de la communauté du C@fé des sciences au début de l'année. Sa mission : porter la bonne parole du blog de science le plus largement possible (chercheurs, tutelles, journalistes scientifiques, étudiants, grand public), convaincus que nous sommes que le blog est un outil formidable et qu'il apporte des réponses à  la fois au scientifique et au public. A terme, nous voulons que chaque chercheur ou amateur de science puisse ouvrir facilement un blog sur une plateforme dédiée, offrant des outils spécifiques (références bibliographiques, formules mathématiques etc.) et largement reconnue. Le C@fé des sciences est le mieux placé pour devenir ce portail des blogs de science dures en français, mêlant blogs hébergés et blogs agrégés, pour offrir l'intégralité des conversations en un seul endroit. Mais nous ne concevons pas cette solution technique sans l'écosystème vertueux de tous les acteurs concernés, mutualisant leur effort et se tirant vers le haut.

C'est pourquoi, à  l'issue de l'assemblée générale de notre association, nous organisons le jeudi 27 novembre une soirée "Science 2.0", la première du genre en France à  notre connaissance. Nous vous donnons rendez-vous à  19h30 au Centre de recherches interdisciplinaires (Faculté de médecine Cochin, 24 rue du faubourg St-Jacques, Paris 14e, M° Saint-Jacques : une fois dans la faculté, monter au 2ème étage et suivre les indications), pour réfléchir aux révolutions en cours de la pratique scientifique, en compagnie des intervenants suivants :

  • François Taddéi, biologiste à  l’INSERM, spécialiste des transferts d’information chez les bactéries : son approche pluri-disciplinaire lui permettant de rapprocher la biologie, les sciences du web et la sociologie, notamment au sein du groupe Compas (« Education, cognition et nouvelles technologies »), il nous livrera livrera ses réflexions sur les raisons qui poussent les chercheurs à  échanger de l’information et ce que le web 2.0 vient y changer ;
  • Gloria Origgi, philosophe à  l’Institut Nicod, où elle essaye de caractériser les nouveaux modes de publication des chercheurs sur le web dans le cadre d’un projet de recherche intitulé « Liquid publication ». Elle organise une conférence virtuelle sur le même thème et a travaillé notamment sur les notions de confiance épistémique, déférence et autorité intellectuelle. Elle a également publié un livre sur l'impact des nouvelles technologies sur l'écriture (Palgrave, 2006) ;
  • et moi-même, pour parler de ce que le blog peut apporter à  la recherche.

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Ce que le blog apporte à  la science

Votre lecture obligatoire du jour : l'article que je viens de publier sur le site InternetActu. On m'y présente comme sociologue et agronome, alors que je me décrivais comme formé en agronomie et sociologie, mais le plus important est ailleurs. Cet article fait le point sur les évolutions des derniers mois des blogs de science, avec une réflexivité accrue des blogueurs (bien qu'il ne faille pas oublier les articles parus en 2002 de Sébastien Paquet et en 2005 d'Henry Farrell) et surtout une visibilité croissante, eux qui n'hésitent plus à  sortir du bois et à  s'afficher en plein jour !

Cet article est aussi la première annonce "officielle" de l'association C@fetiers des sciences, dont on aura l'occasion de reparler bientôt...

J'attends vos commentaires, ici ou là -bas !

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Histoire de blogs : le scandale du lait chinois

Dans ma chronique radio ce mois-ci, j'ai voulu mettre l'accent sur les blogs de science comme art de la conversation, à  partir de l'exemple du scandale du lait chinois. Il s'agit en l'occurrence d'une conversation entre blogueurs et lecteurs, autour d'intérêts extrêmement divers comme vous allez le voir et l'entendre. Ce sera aussi l'idée générale des prochaines chroniques : explorer la temporalité particulière du blog et témoigner du développement d'une information, d'une réflexion ou d'une conversation en ligne. Donc si vous rencontrez un cas intéressant, merci de me le faire savoir !

A partir de la mi-septembre, les médias européens commencent à  évoquer ce scandale des dizaines de milliers d'enfants hospitalisés à  cause d'un empoisonnement à  grande échelle du lait mais les premières informations sont lacunaires et les journalistes ont du mal à  expliquer les tenants et les aboutissants de l'affaire. Personnellement, ce n'est qu'en lisant le blog "Autour des sciences" que je comprends enfin ce dont il s'agit. Celui-ci est tenu à  quatre mains par un journaliste et un enseignant, qui se sont rencontrés sur les bancs de l'université alors qu'ils étudiaient les sciences. Le 22 septembre, ils publient un billet où ils rectifient une erreur largement répandue : le produit incriminé n'est pas la mélanine, cette substance responsable de la couleur de la peau et qui agit comme une barrière contre les UV du soleil, mais la mélamine, qui entre dans la composition de résines utilisées dans des colles et des plastiques.

Capture d'écran accusatrice fournie par Timothée

Ces blogueurs vont plus loin en nous expliquant ce qu'il s'est passé : le test destiné à  déterminer la concentration du lait en protéines avant sa commercialisation, et donc à  éviter sa dilution, détecte la quantité d'azote dont sont très riches les protéines ” mais aussi la mélamine ! Ainsi, l'industrie laitière chinoise a pu tromper les autorités sanitaires Les commentaires affluent (il y en avait 31 la dernière fois que je suis passé) et certains lecteurs remercient ce billet qui leur a permis d'y voir plus clair. Une lectrice qui dit avoir fait de la recherche en chimie écrit que C'est exactement ce qu'il fallait expliquer, une autre qui travaille dans la qualité agroalimentaire explique se sentir très concernée par tout cela. Certains posent des questions, comme Antoine qui écrit : On sait que cela affecte les reins, et qu'on peut en mourir. Mais quid de ceux qui n'ont pas absorbé une dose létale ? Ont-ils les reins endommagés ad vitam aeternam, c'est-à -dire une insuffisance rénale chronique ou bien y a-t-il guérison complète ? Le lendemain, un blogueur féru de médecine donne quelques éléments de réponse et ajoute : Si j'ai le temps je détaillerai ça dans un post. Deux heures plus tard, il écrit à  nouveau : Chose promise, chose due avec un lien vers son blog ! Dans ce billet, il donne de nombreux détails techniques tirés de la littérature scientifique et conclut que l'exposition humaine à  la mélamine et à  l'acide cyanurique est responsable d'une néphropathie secondaire à  la précipitation de cristaux de cyanyrate de mélamine dans le parenchyme rénal ( ) entraînant une insuffisance rénale aiguà« et il prédit qu'il y aura certainement des cicatrices rénales avec des insuffisances rénales chroniques plus ou moins sévères chez certains enfants.

31 commentaires, cela peut paraître peu mais ça commence à  faire beaucoup pour un blog spécialisé sur des sujets scientifiques. Ici, c'est la magie des liens qui a fonctionné : dès le lendemain de sa publication, le billet était cité par le blog des correcteurs du journal Le Monde. Ceux-ci reconnaissent que la presse a beaucoup parlé du lait chinois frelaté, mais s'est souvent pris les pieds dans les jambes du n et du m de la mélamine ou mélanine. Plus de 100 lecteurs réagissent à  leur tour, la plupart passionnés d'orthographe et de vocabulaire vu la thématique du blog, et certains commentaires sont cocasses, comme ces allitérations : Mais l'ami à  la mine laminée, se lamente : j'aime mieux les amibes que le lait mélaminé. On trouve aussi de nombreus échanges sur l'étymologie de ces termes. Et puis parmi les 31 commentateurs du début, il y a aussi ceux qui réagissent sur leur blog personnel et le font savoir. Ainsi, Miliochka reprend chez elle l'explication sur la différence entre mélamine et mélanine et conclut dans un registre plus léger : il ne faut pas confondre balade avec ballade. Avec un seul L, vous vous promenez dans les bois, avec deux vous versez dans la poésie et la chanson romantique. C'est ainsi qu'en légendant les photos de mon Homme à  New York, on s'est demandé si notre périple était plutôt du genre balade ou ballade

A part ça, l'ami Tom me demandait par mail : Tu devrais faire un billet pour nous expliquer comment tu fais cette chronique, parce que j'ai du mal à  imaginer comment tu interagis avec la présentatrice à  distance. C'est très simple. Je suis dans un studio de radio, elle est dans le sien à  250 km de là , chacun face au micro et un casque sur les oreilles, et nous conversons par la magie des ondes pendant que ça enregistre ! Voici quelques photos volées sur place :

  

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Quelques blogs à  visiter de ma part

Un billet spécial copinage, parce que ce n'est pas facile de se lancer dans le blog et d'avoir aussitôt des retours et une visibilité qui permettent de pérenniser son effort…

Richard-Emmanuel Eastes a tellement de casquettes qu'il serait vain de vouloir en faire le tour ici mais qu'il me suffise de dire que mes lecteurs le connaissent à  la fois par ce billet sur la distinction entre le naturel et l'artificiel et ma participation au colloque Pari d'avenir 2008, qu'il orchestrait. Il tient désormais un blog, qui accompagne une chronique mensuelle dans L'actualité chimique et se consacre en particulier à  la communication de cette discipline mal-aimée. Je recommande notamment son dernier billet où il éclaire intelligemment cette façon qu'ont les chimistes de tout qualifier de "chimique" : viendrait-il à  l’idée d’un mathématicien de qualifier la Terre de "mathématique" sous prétexte qu’elle est (presque) sphérique ? Récemment, il proposait aussi un jeu-concours pour trouver des expressions courantes faisant intervenir l'adjectif "chimique" dans un sens positif (pour l'instant, seuls la levure chimique et le nettoyage chimique sont en lice).

science'cuisine est un blog que j'ai aidé à  monter. Il permet aux internautes de contribuer à  faire avancer la gastronomie moléculaire depuis leur cuisine, en mettant en oeuvre chaque mois une nouvelle expérience. Le protocole est tiré directement du séminaire d'Hervé This à  l’école Ferrandi et les résultats des internautes, laissés en commentaire, viennent compléter ou corriger ceux obtenus sur place. Le mois dernier, nous vous proposions par exemple de vérifier s'il est exact que, congelée avant d’être cuite (et cuite directement à  la sortie du congélateur), la pâte feuilletée monte mieux à  la cuisson. Parmi de nombreux tours de mains qui seront ainsi explorés au cours de l'année par Hervé This, on annonce déjà  la question de savoir si l’oseille fond les arêtes de poisson. De la gastronomie moléculaire collaborative grâce au pouvoir du blog, voilà  une idée qui m'enchante beaucoup ” même si la participation est nulle pour l'instant...

Enfin, François — un touche-à -tout qui intervient dans le Master de communication scientifique de Strasbourg et revendique sa dette envers les idées neuves (à  l'époque) de Baudoin Jurdant — tient un blog mis à  jour de façon irrégulière, mais qui vaut le détour. Justement, il a pris de bonnes résolutions pour être plus présent et mordant et un de ses derniers billets s'attaque à  la définition et au but de la vulgarisation. Un billet qui a été stimulé par une réflexion de... Richard-Emmanuel Eastes, bouclant ainsi joliment la boucle !

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