La science, la cité

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Le stéréotype de la blonde

Vous vous souvenez de l'impact de l'effet Mozart dans la société américaine et de sa diffusion par "mutation", voici une nouvelle étude de psychologie sociale qui fait les grands titres (et ça devrait continuer, selon Fabrice qui m'a filé le tuyau). Ce travail (français !) à  paraître dans le Journal of Experimental Social Psychology teste l’effet "inconscient" des stéréotypes sur le comportement, en l'occurrence le stéréotype de la blonde. Où il s'avère que nous faisons un moins bon score au Trivial Pursuit après avoir examiné le visage de reines de beauté blondes que d'hommes bruns. Mais le plus important ici n'est pas tant l'effet d'amorce d'un stéréotype, relativement connu, que l'observation que cet effet ne se manifeste dans le même sens que le stéréotype (ici : les réponses aux questions sont moins bonnes parce que les blondes sont considérées comme plus stupides) uniquement quand on a mis le participant dans un état accru d'interdépendance aux autres ; s'il se construit comme indépendant des autres, il réussit mieux le test après avoir vu le portrait de femmes blondes !

Un article de sept pages seulement, un résultat simple à  expliquer, la figure centrale de la blonde sur laquelle on peut disserter à  l'infini : voilà  du pain béni pour les journalistes ! Non seulement parce qu'ils ont un résultat scientifique bien emballé, mais parce qu'ils peuvent moduler le rôle de la blonde : la femme fatale qui va jusqu'à  nous faire oublier notre propre QI (les hommes, les yeux dans les yeux d’une blonde, éprouvent des problèmes au niveau de leurs capacités intellectuelles et voient leur QI baisser) ou l'idiote façon Paris Hilton (même si some blondes are of course highly intelligent, sic). Quitte à  oublier que les femmes étaient tout autant affectées par le stéréotype dans l'étude, qu'un test de connaissance n'est pas un test de QI ou qu'on peut se mettre à  la place de quelqu'un et reproduire son stéréotype sans l'avoir en face de soi… La plupart des articles ou dépêches ayant ensuite repris l'information du Sunday Times, on ne trouve rien de bien différent chez FOXNews ou United Press.

Et si la recherche scientifique n'avait pas pour but d'établir des vérités pré-mâchées mais de construire du social, en disant : "voici ce que des chercheurs en blouse blanche ont découvert dans leur laboratoire, à  vous d'en faire quelque chose" ?

C'est vrai en général (comme l'ont montré les sociologues connexionnistes comme Latour) mais c'est flagrant dans la couverture médiatique des découvertes scientifiques. Il ne s'agit pas tant de se soumettre à  de l'indiscutable que de s'emparer de chiffres et d'observations objectivées pour les retraduire (par exemple, les rapprocher de l'expérience quotidienne ou les rendre moins perturbants). Mais cela ne signifie pas que les chercheurs sont impuissants pour autant : selon la manière dont leur article est rédigé et la revue où il est publié (comme dans l'exemple du gène de l'homosexualité), selon le témoignage qu'ils vont apporter aux journalistes qui téléphonent en masse, ils orientent la manière dont leur fait brut est transformé en fait social. Dans cet exemple, le stéréotype de la blonde était presque trop "vendeur"[1] et les journalistes, privés de la possibilité de faire leur travail (trouver un angle, creuser le sujet), ont dû s'embarquer trop loin et dériver.

En tous cas, des articles de psychologie sociale qui donnent (presque) lieu à  des observations de psychologie sociale, c'est une ironie qui ne peut que m'amuser ! Même si je n'irai pas jusqu'à  avancer que c'est un coup monté par les chercheurs aux dépens des journalistes, pour mieux les étudier…

Notes

[1] Selon le premier auteur, Clémentine Bry, ce stéréotype a été choisi pour rigoler parce que plus léger que d'autres stéréotypes utilisés dans la littérature.

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Ça chauffe pour le consensus

J’ai l’impression que la question du consensus en science, et particulièrement concernant le réchauffement climatique, est sur la sellette. Depuis Naomi Oreskes en 2004, on avait acquis la certitude que 75 % des 928 articles peer-reviewed consacrés à  l’évolution du climat abondent explicitement ou implicitement en faveur de l’origine anthropique du réchauffement climatique, aucun n’osant s’y opposer, les autres étant des articles neutres consacrés aux paléo-climats. C’était un beau consensus. Mais voilà  que des travaux ont ensuite proposé d’autres chiffres : selon Benny Paiser, seuls 335 articles sur 1117 (30 %) acceptent explicitement ou implicitement le consensus, les autres étant neutres exceptés 34 (3 %) qui rejettent explicitement le consensus. Selon Klaus-Martin Schulte, seuls 38 sur 528 articles récents consacrés au réchauffement climatique (7 %) acceptent explicitement le consensus ; on atteint 45 % si l’on inclut les acceptations implicites, soit une minorité, 48 % des articles étant neutres et refusant de se positionner pour ou contre le consensus. Oreskes a rapidement réagi en répondant à  Schulte… Dennis Bray et Hans von Storch ont eux effectué un sondage auprès de 550 spécialistes des sciences du climat d’au moins cinq pays qui montre que les positions ont évolué entre 1996 et 2003, mais sans consensus pour autant (Figure 30).

Mais au-delà  de cette question binaire (les hommes sont-ils responsables du réchauffement climatique ?), le consensus, comme le diable, se cache dans les détails. Notamment dans les résumés aux décideurs du GIEC qui sont des concentrés de consensus, chaque mot étant pesé avant d’être approuvé. Selon l’opinion d’experts internationaux s’exprimant dans le numéro du 14 septembre de Science, cette méthode a permis de mettre en lumière les résultats attendus du réchauffement, qui ont pu ensuite s’ancrer dans la tête des décideurs grâce aux estimations chiffrées. En effet, depuis une première étude publiée en 1979 et jusqu’en 2001, les scientifiques ont systématiquement avancé la fourchette d’une augmentation de température de 1,5 à  4,5 °C (cf. Reiner Grundmann (2006), “Ozone and Climate: Scientific Consensus and Leadership”, Science, Technology & Human Values, vol. 31, n° 1, pp. 73-101). Mais maintenant que la crédibilité générale des travaux sur le réchauffement climatique a été établie, il serait aussi bon de faire comprendre aux décideurs les éventualités plus extrêmes qui ont pu être occultées ou minimisées par le consensus. Le consensus a donc d’abord été utile, avant d’être dépassé par la complexité de la situation, à  la fois sur les plans scientifique et politico-économique. C’est bien ce que remarquait une étude sociologique des travaux du GIEC : ils sont inévitablement une sélection et une synthèse de la gamme d’intérêts nationaux divergents où les pays [insulaires du Pacifiques] plaident pour l’introduction d’une rhétorique du risque, les pays producteurs de pétrole plaident pour la mention répétée des incertitudes scientifiques et celle de gaz autres que le CO2 ; les pays en développement veulent mentionner le poids des émissions passées, les pays du Nord insistent sur les émissions futures… Les auteurs de l’article proposent aussi que les membres du GIEC sollicitent des rapporteurs extérieurs qui pourraient critiquer leurs procédures et leurs rapports, en pointant notamment du doigts les disparités entre les rapports des quatre groupes de travail qui le constituent. Une évaluation du risque plus robuste pourrait aussi venir d’une meilleure transparence sur ce qui a été débattu et quels points n’ont pas été inclus dans les rapports, par manque d’accord. Ceci afin que les experts ne s’enferrent pas dans une confiance en eux abusive.

Est-ce à  dire, comme miniTAX sur le forum Futura-Sciences, que l’on doit se méfier comme de la peste des consensus en science ? En tous cas, il est possible que le consensus technico-économico-politique se construise malgré l’absence de consensus scientifique a priori. Je l’avais montré avec l’exemple du trou dans la couche d’ozone, où l’incertitude scientifique qui régnait en 1987 ne fut réglée que par une rétroaction positive entre des tendances scientifique, politique, diplomatique et technologique convergentes. Ou comment l’existence de désaccords entre scientifiques n’empêche pas d’agir, de la même façon que le principe de précaution incite à  agir pour éviter la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques… Si bien que l’incertitude, plus que le consensus, est souvent un moteur pour l’action ! En fait, le consensus peut même être contre-productif : en faisant porter la responsabilité de la décision aux scientifiques (les politiques n’étant plus là  que pour signer l’accord qui s’impose de lui-même), il leur donne un poids trop grand, dont peuvent profiter ensuite ceux dont l’intérêt consiste à  temporiser (le sénat américain sous Bush père et fils) ou à  contre-attaquer (Exxon), en proposant sans cesse plus d’études voire des résultats contradictoires.

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"Big science" : enjeux d'une histoire politique des sciences, par Dominique Pestre

La semaine dernière, l'excellente émission "Recherche en cours" au non moins excellent générique (à  écouter sur Aligre FM 93.1 ou en podcast) recevait Dominique Pestre. Pestre est l'une des grandes figures de l'étude des sciences en France, moins connu que Bruno Latour mais pas moins intéressant. Son dada, après qu'il a longuement étudié l'histoire de la physique, consiste aujourd'hui à  analyser les science sur le temps long. Plus difficile que l'étude de cas ou l'anthropologie de laboratoire, c'est un exercice auquel se livrent les sociologues des sciences qui ont de la bouteille. Il est de ceux-là , et cet entretien clair, intelligent et passionnant est à  écouter de toute urgence !

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A propos des manuels scolaires

En cette période de rentrée scolaire, il est bon de se pencher un peu sur les manuels scolaires de nos chères têtes blondes. Rien de bien méchant, pensez-vous, puisqu'il s'agit d'enseigner l'addition en mathématiques et la classification des espèces en biologie. A la rigueur pourrait-on apercevoir quelques difficultés en histoire, avec les controverses sur le "rôle positif de la colonisation" ou autres.

Mais les contenus, quels qu'ils soient, posent de vraies questions de fond. Comment enseigner de manière dynamique des savoirs depuis longtemps figés ? Comment y insérer des éléments de débat actuels ? Comment éduquer à  l'environnement, au développement durable et autres préoccupations modernes de l'Education nationale ? Quelques exemples, trouvés dans un excellent dossier de la Banque des savoirs, permettent d'appréhender ces révolutions en marche. Mais pas toujours dans le sens où on l'attendrait !

Concernant l'éducation à  la sexualité, par exemple, l'édition 1988 d'un manuel Nathan pour les 4e, dit du rapport sexuel qu'il est un moment de plaisir pour le couple. Il permet de transmettre la vie s’il aboutit à  une fécondation ; on parle de caresse, de son lien avec l’érection du pénis chez l’homme et la lubrification des parois du vagin chez la femme ; on n’hésite pas non plus à  évoquer des mouvements de va-et-vient rythmés, d’orgasme, sans oublier que le rapport sexuel s’achève par une phase de détente qui se prête aux échanges de tendresse entre les deux partenaires. Mais dix ans plus tard, le même manuel signe un retour en force des valeurs morales conservatrices : le rapport sexuel est résumé à  une union entre l’homme et la femme, qui n’est pas toujours lié au désir d’avoir un enfant, et à  une histoire de sperme déposé dans le vagin.

D'autres messages sont plus subtils. Nous avons tous vus des photos de vrais jumeaux dans les manuels de biologie, habillés exactement pareils avec la même coupe de cheveux. Chercherait-on à  nous dire que les gènes commandent également le caractère, les goûts ou la pensée ?? Comment s'étonner ensuite des déclarations controversées de notre président ?!

Valentina et Nina, 73 ans ©© blandm

Selon les pays, les représentations qui sont inculquées aux jeunes élèves peuvent aussi changer du tout au tout. Concernant le thème précis des origines de l'homme, il n'est pas au programme à  Malte ou en Grande-Bretagne. Il a été récemment supprimé au Maroc, en Tunisie, au Liban mais aussi au Portugal. Et quand il est présent, en Grèce et à  Chypre par exemple, il n'est pas toujours enseigné. Même en France, il est finalement peu présent dans les ouvrages ; et pourquoi l’homme devrait-il être installé en haut de l’arbre de l’évolution, comme un aboutissement ? L'éducation à  la santé est aussi fortement marquée par la culture de chaque pays. Ainsi, dans le nord de l’Europe, la promotion de la santé telle que l'OMS tente de la développer, avec des notions comme le bien-être, l’estime de soi, la relation à  l’environnement, est privilégiée. En France, la santé est présentée avec une vision exclusivement biomédicale, très curative, où le médicament est la solution à  tous les maux, le microbe le seul agent infectieux : plus de 95 % des évocations en matière de santé concernent cette facette biomédicale, les 5 % restants abordent un registre préventif. Il y a plus tranché encore : en Pologne, la promotion à  la santé n’est jamais évoquée. Ailleurs, la balance se réajuste, jusqu’à  un équilibre proche des 50/50 en Allemagne, au Mozambique, en Finlande ou au Portugal.

La forme aussi a évolué. Comme l'écrit une muséologue :

c'est vraiment fascinant de voir l'évolution du manuel scolaire scientifique qui part d'un livre de type roman où la science est racontée avec des mots, jusqu'au tout pour l'expérimentation des manuels de nos jours où la science est présentée par une série de photos, d'illustrations, de schémas et de quelques consignes. Hier, les manuels étaient remplis de mots et l'on n'y retrouvait que très peu d'images. Aujourd'hui, les manuels sont des bouquins d'illustrations et de photographies agrémentées de quelques mots. La différence est frappante et un peu déroutante.

Le rôle même des manuels scolaires, ainsi que leur statut dans la classe, interrogent[1] :

Les élèves ne sont jamais amenés à  se poser des questions sur l'origine de cet outil pourtant quotidien. Beaucoup s'imaginent que les manuels sont écrits par des savants de la discipline, ce qui n'est pourtant quasiment jamais le cas. Cette représentation témoigne simplement de l'effet d'autorité d'une parole imposée parce qu'on ne l'interroge jamais en tant que parole. (p. 56)

Plus bêtement, les manuels restent souvent obscurs pour les élèves, qui se les approprient beaucoup moins que les enseignants eux-mêmes[2]. Non pas tant à  cause du vocabulaire spécialisé, qui est bien expliqué, mais à  cause du registre soutenu, de la densité informationnelle (peu de redondance), de la longueur des phrases, des tournures passives et de la multiplicité des renvois qui emprunte plus à  la littérature scientifique qu'à  la vulgarisation.

De là  à  mettre les manuels au bûcher, il y a un pas que je ne saurais franchir. L'idée consiste à  les re-contextualiser pour ne plus se cacher derrière une neutralité de façade. Par exemple, au lien de présenter Toumaï comme le plus vieil hominidé, pourquoi ne pas rendre compte de la controverse scientifique qui hésite à  en faire plutôt l'ancêtre des grands singes ? En tous cas, on se rend compte que derrière ces volumes assez banals se cachent de grandes questions sur le statut de la connaissance et de l'autorité. Un sujet d'étude peu médiatisé mais majeur…

Notes

[1] Annette Béguin, "Didactique ou pédagogie documentaire ?", L'Ecole des lettres des collèges, n° 12, 1995-1996, pp. 49-64

[2] Jean-Pierre Astolfi, "Le casse-tête des manuels scientifiques", Argos, n° 13, 1994, pp. 50-51

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Les leçons du trou de la couche d'ozone

Dans le numéro de juillet-août 2007 de La Recherche (n° 410), la rubrique "Opinion" revient à  Didier Hauglustaine pour un laïus sur le réchauffement climatique. Celui-ci brocarde Claude Allègre, accusé de vouloir discréditer un travail scientifique rigoureux, et donne l'exemple du protocole de Montréal de 1987 interdisant la production de polluants incriminés dans le trou de la couche d'ozone (CFC notamment). Ce résultat, explique-t-il, fut le fruit d'une mobilisation de la communauté scientifique [qui] permit d'établir rapidement une théorie robuste et de mettre en accusation des constituants chlorés — les chlorofluorocarbures ou CFC — rejetés par millions de tonnes par différents usages domestiques et industriels. Pourtant, à  la même époque, des voix s'élevèrent, dénonçant une imposture scientifique. Ces voix discordantes soutenaient par exemple que le trou d'ozone avait toujours existé ou qu'il avait pour origine des variations de la luminosité solaire. Vingt ans plus tard, ces interventions ont sombré dans l'oubli, et l'auteur de réclamer que l'analogie entre le trou d'ozone et le changement climatique soit poussée plus loin afin de pouvoir clamer dans vingt ans que de nouveau, le pire a été évité.

Mais l'essentiel n'est pas là . Il est dans cette remarque comme quoi l'entrée en vigueur du protocole de Montréal ne s'est pas fait sans coût. Rien qu'aux Etats-Unis, cinq mille compagnies réalisant un chiffre d'affaire de près de 30 milliards produisaient ou utilisaient les CFC. La conclusion que chacun tire est qu'un accord sur le changement climatique, malgré son énorme coût pour l'économie mondiale, est possible. Et que la science, universelle et robuste, peut dépasser les intérêts des uns et des autres pour le bien de la planète. Vision bien naïve…

Naïve parce qu'elle met la raison du côté des scientifiques, l'intérêt économique du côté de l'industrie, circulez y'a rien à  voir. Le lecteur curieux trouve une version un peu différente de cet épisode dans la thèse en sciences économiques de Stéphane de Cara (''Dimensions stratégiques des négociations internationales sur le changement climatique", Université de Paris-X, 2001) :

Dans ce cas précis [du protocole de Montréal], plusieurs éléments de nature différente ont convergé pour permettre d’aboutir à  un accord. La pression médiatique et l’urgence de l’action (néanmoins, comme dans le cas de l’effet de serre, les conclusions des études scientifiques sur la question n'étaient pas consensuelles) ont favorisé un processus de décision relativement rapide. Les sources d'émissions étaient relativement contrôlables, bien identifiées et suffisamment localisées. Enfin, des technologies alternatives et abordables étaient disponibles de sorte que l’aboutissement d’une convention restrictive n’entraînait pas un coût important pour les entreprises et était même susceptible de fournir un avantage comparatif aux firmes sises dans les pays signataires. (p. 17)

Eh oui. La vision est déjà  moins naïve et l'on découvre un "objet CFC", érigé en coupable par les scientifiques et défendu a priori par les industriels, qui se retrouve finalement arranger tout le monde. Il fait consensus, quand bien même le trou d'ozone lui-même ne le fait pas. Du coup, la résolution du problème fut facile. Selon le sociologue Daniel Sarewitz[1] (dont j'ai déjà  parlé ailleurs), ceci fait de l'histoire des CFC non pas un exemple de controverse résolue par la science mais de rétroaction positive entre des tendances scientifique, politique, diplomatique et technologique convergentes !

Car l'histoire ne s'arrête pas là  (je cite toujours la thèse de de Cara) :

Pour les deux plus gros producteurs mondiaux –tous deux américains– qu'étaient Du Pont de Nemours et Imperial Chemical Industries (ICI), l’adoption d’un Protocole maximaliste –tant du côté de la production que de la consommation– était susceptible d’asseoir leur pouvoir de marché sur ce secteur. Ces deux producteurs disposaient en effet d’une avance importante en termes de R&D sur la production des substituts aux CFC qui aurait pu leur permettre d'éliminer une concurrence devant faire face à  une réorganisation importante.

Les succès de la science ne se font pas sans l'économie. Et le chercheur, le scientifique, ne joue finalement pas tant à  "faire entendre raison" qu'à  construire des objets politiques avec d'autres acteurs, hétérogènes. Pour citer Bruno Latour[2], un scientifique n'est pas quelqu'un qui fait de la politique avec des moyens politiques ; c'est quelqu'un qui fait de la politique avec d'autres moyens.

Notes

[1] "How science makes environmental controversies worse", Environmental Science & Policy, vol. 7, 2004, p. 397

[2] Le métier de chercheur : regard d'un anthropologue, INRA éditions, 2001, p. 78

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