La science, la cité

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Mot-clé : controverse

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Enseigner des controverses

J'ai déjà parlé sur ce blog des façons de montrer la "science chaude" en classe et de son intérêt pour l'éducation à la citoyenneté, afin d'apprendre à nos têtes blondes non seulement quelle est l'équation fondamentale de la dynamique mais aussi ce qu'est un expert, comment la science fonctionne (je veux dire réellement), comment confronter les discours pour se faire un avis etc. L'étude des controverses socio-techniques ou questions socialement vives (OGM, virus A/H1N1, réchauffement climatique…) permet d'entrer dans ces questionnements complexes et assez nouveaux pour l'école.

Forcément, c'est un vaste sujet et je n'ai fait que l'effleurer — par curiosité intellectuelle ici, à titre professionnel lors d'un festival de science. J'ai donc été content d'apprendre qu'une chercheuse en didactique de l'ENS Cachan, Virginie Albe, avait publié un livre aux Presses universitaires de Rennes sur cette seule question. J'en ai profité pour le lire et mon compte-rendu détaillé est à voir chez les voisins de Liens socio !

J'en profite également pour signaler que Marine Soichot, doctorante au Muséum national d'histoire naturelle, est passée il y a quelques jours dans l'émission "Recherche en cours" pour parler du blog Pris(m)e de tête et qu'elle a raconté avec talent son travail sur la représentation des controverses (en l'occurrence le réchauffement climatique) au musée. Je vous conseille chaudement de l'écouter !

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Controverses et expérimentation

Nous avons montré, dans le billet précédent, comment de nombreux facteurs autres que "scientifiques" interviennent pour juger du résultat d'une expérience et pouvoir dire si elle est valide, ce qu'elle nous apprend etc. Cette flexibilité interprétative, si elle peut être surmontée à  terme par le chercheur isolé, peut être beaucoup plus problématique pour la science comme collectif. En effet, si chaque chercheur est potentiellement capable d'une interprétation différente du résultat observé, il devient très difficile de s'accorder.

Typiquement, c'est le cas lors d'une controverse : une équipe déclare avoir observé le phénomène X, une autre équipe lui oppose son résultat Y et il faut trancher. Nous verrons dans un prochain billet que la science est surtout faite de ces moments de flottement mais il apparaît maintenant que pour trancher, l'expérimentation ne suffit pas. J'enfoncerai le clou avec deux exemples :

  • on considère souvent que la science reproduit systématiquement ses résultats ; de cette façon, on devrait pouvoir s'accorder sur ce que l'on observe et sa signification. Mais comme le rappelle Sir George Thomson[1] : Il y aura toujours quelque chose de différent… Quand vous dites que vous répétez une expérience, vous répétez que sont pertinents tous les paramètres d'une expérience déterminée par une théorie. En d'autres mots, vous répétez l'expérience comme exemple de la théorie. Ce que Thomson nous dit là  encore, c'est qu'il n'existe pas d'expérience pure ;
  • de plus, aucune expérience ne permet réellement de rejeter une hypothèse. On a longtemps cru à  la fameuse expérience cruciale qui fait éclater la vérité au grand jour, comme Boyle mettant en évidence l'existence du vide avec sa pompe ou Eddington confirmant la théorie de la relativité grâce à  l'observation d'une étoile dont le rayon lumineux est dévié quand il passe à  proximité du soleil. Cette vision est un peu écornée par Pierre Duhem dans son livre de 1906, La Théorie physique, son objet et sa structure, qui n'a acquis toute son importance que rétrospectivement. Selon ce physicien et philosophe, l'expérience cruciale est impossible : une expérience de physique ne peut jamais condamner une hypothèse isolée, mais seulement tout un ensemble théorique. Et lorsque l'expérience est en désaccord avec ses prévisions, elle lui apprend que l'une au moins des hypothèses qui constituent cet ensemble est inacceptable et doit être modifiée ; mais elle ne lui désigne pas celle qui doit être changée. Duhem soutenait donc qu'on peut toujours sauver une théorie qui contredit une observation en modifiant une hypothèse auxiliaire (typiquement une hypothèse concernant le fonctionnement d’un instrument) ou en ajustant la théorie grâce à  des hypothèses ad hoc.

Pour juger, donc, de la validité d'une expérience réalisé par un autre labo et pour pouvoir trancher entre deux affirmations apparemment opposées, Harry Collins a avancé l'idée que d'autres critères entrent en compte : la confiance, l'intelligence, la réputation, le style, le prestige etc. qu'un chercheur prête à  un autre chercheur[2]. Tous les chercheurs, en effet, regardent d'abord d'où vient un résultat et par qui il est avancé avant de donner leur avis sur sa validité. Souvent même, ils chercheront à  discréditer le chercheur avant de critiquer son expérience, l'accusation suprême étant celle de pseudo-science ou d'anti-science. Mais redonnons la parole à  Collins et Pinch[3] :

Le fossé qui sépare défenseurs et critiques, fossé creusé lorsqu'un des deux partis accuse l'autre de se comporter de manière "antiscientifique", est caractéristique des controverses scientifiques. Les détracteurs font avant tout appel à  des résultats négatifs pour fonder leur rejet du phénomène controversé et tous les résultats positifs s'expliquent, selon eux, par l'incompétence, l'illusion ou même la fraude. Les défenseurs expliquent quant à  eux les résultats négatifs par l'inaptitude à  reproduire exactement les conditions de l'expérience qui a permis d'obtenir les résultats positifs. A elles seules, les expériences ne semblent pas suffire à  régler la question.

Le prochain billet, lui, racontera une petite histoire qui nous emmènera encore plus loin…

Notes

[1] Thomson G. (1965) [1963], "Some thoughts on scientific method" dans Boston Studies in the Philosophy of Science, vol. 2, Humanities Press, p. 85

[2] Collins H. et T. Pinch (2001) [1993], Tout ce que vous devriez savoir sur la science, Le Seuil coll. "Points sciences", p. 138

[3] ibidem, p. 101

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Le gène de ceci, le gène de cela : pourquoi ça prend ?

Chez Le Doc', Fabrice suggérait ce matin même de s'interroger sur ce qui fait que telle ou telle étude va être plus diffusée, médiatisée, intégrée par la population (comme celles sur l'effet Mozart, sur le gène de l'homosexualité, ou celui de l'infidélité, etc.) que telle autre. Comme les blogueurs du C@fé des sciences sont à  l'écoute, et parce que c'est un sujet intéressant, je m'exécute maintenant en retenant particulièrement cette thématique du gène du comportement X ou Y. Et ce en m'appuyant sur un article de la sociologue et anthropologue Sophie Houdart, qui a travaillé sur le cas de la découverte d'une mouche homosexuelle (via Baptise Coulmont).

 Drosophila larva. Oh what will those evil scientists do with them, poor things. Drosophiles ©© culmor

Tout démarre quand un laboratoire japonais de génétique du comportement repère en 1996, dans sa collection de mutants, une drosophile homosexuelle. La découverte est controversée, en particulier par un laboratoire français qui considère que l'annonce est prématurée et le "fait scientifique" pas encore solidement établi. Classique… Les Français reprochent donc à  la mise en scène médiatique d'exister avant que le monde scientifique en ait fini avec ce mutant, nommé "satori". L'erreur que font ces scientifiques est de penser que ce sont les médias qui font exister "satori" en tant que mutant homosexuel. Que nenni, ils rendent seulement possible son existence en le libérant des contraintes et des dispositifs du laboratoire, en lui fournissant un espace dans lequel il peut évoluer.

Au laboratoire, la découverte est d'abord une question de contexte ; comme l'affirme Michel Callon[1] : La science est le produit d’un processus de fabrication dans lequel la sélection des problèmes, des traits et des événements pertinents joue un rôle essentiel. Point de dévoilement soudain de la nature… En l'occurrence, parmi les sept mutants sexuels présents dans ce laboratoire, seul un est susceptible de créer l'événement parce que les circonstances historiques, sociales et politiques s'y prêtent — et uniquement parce qu'un tabou très japonais a été brisé 10 ans auparavant par un des chercheurs français en visite dans le laboratoire.

Mais pour créer l'évènement, il faut plus qu'une mouche et un directeur de recherche. C'est pourquoi ce dernier ne fondera pas seul cette science de l’homosexualité, annoncée avec emphase dans certains articles japonais et appelle à  la rescousse Platon, en le citant dans son article des Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America !

Autrefois, Platon écrivait qu’il existait, chez les humains, trois couples : “un homme avec un homme”, “un homme avec une femme” et “une femme avec une femme” ; ils furent ensuite divisés en deux moitiés et chacun cherche la sienne. Ainsi l’amour entre deux hommes et l’amour entre deux femmes sont des choses naturelles.

Et que l’on juge du reste de la distribution : Freud joue le rôle du vaincu ; Simon LeVay et Dean Hamer, celui des guerriers esseulés et engagés dans une cause légitime mais qui les dépasse. Le directeur japonais et son mutant homosexuel sont ceux par qui l’histoire se termine bien — ceux par qui, plutôt, l’histoire peut véritablement commencer. En travaillant sur la drosophile plutôt que l'humain, en n'étant pas homosexuel lui-même, Yamamoto évite les pièges qui avaient coulé LeVay et se met à  l'abri de critiques éthiques ou morales. Bref, c'est parce qu'il est ainsi sur-protégé que "satori" peut sortir du laboratoire, faire l'événement et dépasser ce qui l'a précédé.

Mais la rhétorique de l'article scientifique doit aussi être mobilisée dans ce sens. Face à  un relecteur qui propose de remplacer le titre trop évocateur de "Sexual orientation…" par "Change of orientation…", les chercheurs tiennent bon. C'est qu'il leur faut attirer l'attention ! Pour ce relecteur français, les chercheurs japonais, auteurs de l’article, sont ni plus ni moins taxés d’inconscience d’une part (ils ne mesurent pas les enjeux sociaux en présence) et de réductionnisme d’autre part (« un gène pour un comportement »). Ils savent pourtant bien ce qu'il font, puisque Yamamoto remarque en parlant d'autres articles :

Dans le journal Science, fruitless est interprété comme un gène impliqué dans l’orientation sexuelle. Mais dans l’article paru dans Cell, dans le titre, les auteurs utilisent clairement le mot homosexuel. Science est un journal ouvert à  un public général et ça oriente pas mal le contenu. Ils savent très bien combien ça peut être controversé s’ils utilisent l’adjectif homosexuel : les articles de LeVay et de Hamer sont parus dans Science et il y a eu des réactions très fortes. Et aujourd’hui, il y a une tendance à  éviter ce genre d’énoncés controversés, particulièrement dans Science. (…) Le journal Cell, lui, est un journal professionnel.

Dans son article, Sophie Houdart remarque bien à  quel point les conceptions, les attentes et la mise en politique des données qu’ils produisent sont éloignées entre les chercheurs français et les chercheurs japonais. Pourtant, le comportement des journalistes est partout le même : ils veulent photographier, filmer et témoigner de ces mouches qui font une chaîne de parade homosexuelle. Et de passer allègrement de la drosophile à  l'homme et de l'observation controversée au fait dur. En franchissant la porte de l’espace scientifique, les objets sont comme dénaturés : des journalistes, plus soucieux de l’audience et du remous que de l’exactitude, leur font dire des choses qu’ils ne comprennent pas.

Bref, comme on l'indiquait en introduction, ce ne sont pas les médias qui font exister "satori" : pour le laboratoire japonais, la mise en événement n’est pas autre chose qu’une autre manière de mettre à  l’épreuve la fiabilité de ce qu’il produit — sa justesse au sens moral du terme. Il ne s’agit plus seulement de convaincre les pairs qui, pour une raison (compétition) ou pour une autre (éthique), peuvent émettre des doutes quant aux résultats expérimentaux. Le grand public est tout aussi habilité à  juger si un fait scientifique doit vivre ou s’il doit passer à  la trappe des erreurs scientifiques… Et si les Français s'offusquent contre cette vision qu'ils estiment motivée par d'autres intérêts que scientifiques, Yamamoto leur renvoie leur propre attachement à  un idéal scientifique, à  une histoire particulière (celle de l’eugénisme, de la sociobiologie en France), à  un contexte social (la méfiance vis-à -vis des médias), etc.

Voilà  une étude menée au laboratoire. On pourrait de même étudier ce qui traverse d'autres collectifs, comme le grand public, au moment de telles découvertes. Mais la comparaison entre deux pays, le choix de l'étude de cas et la précision anthropologique de ce travail nous en apprennent déjà  beaucoup !

Notes

[1] Callon M. (sous la dir. de), 1989. La science et ses réseaux. Genèse et circulation des faits scientifiques, Paris : La Découverte.

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Quist, Chapela et le maïs mexicain : une controverse sur les OGM

Je viens de recevoir la note d'un travail que j'ai effectué en décembre dernier, portant sur la controverse de la pollution génétique de maïs sauvage par du maïs OGM au Mexique. La note n'est pas mauvaise donc je vous livre ici ce devoir.

Article sur la controverse Quist et Chapela

L'article de Quist et Chapela relatant la découverte de ce premier cas d'introgression et publié dans Nature fut violemment attaqué, critiqué et eux-mêmes furent pris à  partie. Les dégâts de cette immense controverse se font encore ressentir cinq ans après et elle fut sans doute un tournant pour les politiques de recherche, l'expertise et la constitution du débat public sur les OGM. Qu'apprend-on dans mon "article" ?

  • Que l'enjeu de la controverse et les positions se déplacent au fur et à  mesure qu'elle avance : les généticiens qui rejetaient l'article en bloc finissent par rejeter certains de ces arguments (les épisodes multiples d'introgression, puis l'interprétation du danger pour la flore sauvage) ;
  • les cultures épistémologiques font que Quist et Chapela, à  la fois écologues et généticiens, sont mal compris — sauf de ceux qui considèrent aussi les populations végétales en interaction avec les communautés paysannes ; cette position les isole en même temps qu'elle les rend forts puisque pas attaquables avec des arguments habituels, situés à  un autre niveau ("votre PCR a été mal faite", "vous êtes de mauvais expérimentateurs" etc.) ;
  • que la science emprunte toutes les arènes (médiatiques, politique, juridique) pour avancer, et qu'elle s'y fabrique autant qu'elle se fabrique dans son arène d'origine ;
  • que les asymétries sont fortes entre les partisans du courant majoritaires, que l'on peut difficilement accuser d'attaches idéologiques alors qu'ils n'en manquent pas, et les défenseurs de Quist et Chapela apparentés aux mouvements écologistes ;
  • que les mots sont peut-être plus importants que les "faits", en témoigne l'essor de l'expression "pollution génétique".

Quelques précisions sur la méthode : les études de controverse sont courantes en sociologie des sciences (un séminaire y est consacré à  l'Université Louis-Pasteur, un cours à  l'Ecole des mines et à  l'Université d'Edinburgh etc.). En effet, étudier une controverse permet de faire ressortir les stratégies des chercheurs, leur rhétorique et la manière dont ils administrent la preuve, bref leur "cuisine" qui est beaucoup moins visible lorsque la science suit son cours "normal". Quand la controverse est socio-technique (i.e. elle implique un public non-scientifique), comme dans le cas présent, cela permet aussi de comprendre et comparer des acteurs hétérogènes. Mon parti pris de méthode est celui de la sociologie de Latour, qui place les acteurs humains et non-humains au même niveau (d'où le titre de ce billet), les suit dans leur action et interprète leurs forces et faiblesses en terme de réseau, où chaque réseau se constitue par la traduction d'intérêts entre acteurs différents…

En conclusion, je retiendrai qu'il faut se méfier des discours simplificateurs des scientifiques façon Paul Reiter (de l'Institut Pasteur), qui fustige les militants et les associations engagées sur le terrain des technosciences :

[Leurs] idées sont souvent renforcées par des références à  des articles scientifiques revus par les pairs qui sembleraient appuyer leurs déclarations, sans se soucier de savoir si ces articles sont largement approuvés par la communauté scientifique elle-même. Quant aux scientifiques qui contestent ces alarmistes, les médias leur donnent rarement une place prépondérante et ils sont souvent taxés de « scepticisme ».

Cela ne veut pas dire grand chose de parler d'articles largement approuvés par la communauté scientifique elle-même. La communauté scientifique n'est pas une et indivisible, elle est aussi traversée par des tensions et peut évoluer dans ses conceptions. Le cas de Quist et Chapela le montre bien : si l'on a pu à  l'époque contester les associations qui s'appuyaient sur leur article, il faut reconnaître qu'agir ainsi a reconfiguré en retour le champ scientifique. Et qu'en parallèle, les débats ont changé de nature et ce sont déplacé. Il n'y a pas l'obscurantisme face à  la raison, mais bien des différences de rationalité, où chacun voit une autre partie de l'éléphant...

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Un documentaire relance la controverse sur le climat

Aperçu chez Matthieu, un début (?) de dissémination virale pour ce documentaire sceptique vis-à -vis du réchauffement climatique, "The Great Global Warming Swindle", déjà  vu 450 000 fois sur Internet et largement blogué.

Voici les éléments qu'il avance :

  • le GIEC serait un panier de crabes ultra-politisé, peu honnête et loin d'être consensuel ;
  • le réchauffement climatique est devenue une industrie qui ne peut plus se dédire, au risque de menacer l'emploi et la crédibilité de milliers d'experts et consultants ;
  • l'augmentation de la concentration de CO2 n'est pas synchrone du développement industriel, et a dans le passé toujours suivi la hausse de températures plutôt que précédé ;
  • contrairement aux modèles et prédictions, l'augmentation de la température s'observe plus à  la surface de la terre que dans la troposphère ;
  • l'évolution des températures est extrêmement corrélé avec les taches et le vent solaires, plus qu'avec le CO2 (cf. graphiques à  33'44'') ;
  • le GIEC a été mis en place par Margaret Thatcher pour soutenir son virage vers le nucléaire ;
  • les modèles climatiques ne valent que ce que valent leurs hypothèses, au premier rang desquelles l'idée que le CO2 est responsable du réchauffement ;
  • la publicisation des résultats scientifiques biaise les recherches vers ce qui est intéressant, ce qui change, ce qui va dans le sens des tendances etc. ;
  • le GIEC a déjà  censuré des affirmations gênantes (57'28'') ;
  • l'Afrique pâtit des soi-disant politiques de développement durable interdisant les énergies fossiles et promouvant l'éolien ou le solaire.

On voit donc un pot-pourri d'arguments très divers, mais qui tapent à  certains endroits qui font mal : accuser le GIEC d'être politique, bien qu'évident, choque toujours le grand public et les scientifiques eux-mêmes ! Et accuser les militants écologistes d'être contre-productifs en Afrique fait également mal. De fait, les réactions des scientifiques (cf. RealClimate ou Climate Change Denial) répondent aux arguments scientifiques, et non à  ces dernières critiques. Surtout, le réalisateur Martin Durkin rassemble une belle brochette de chercheurs qui abordent chacun un des arguments, laissant croire qu'eux-mêmes sont d'accord entre eux sur la totalité : ce qui est loin d'être évident vu la nature essentiellement réductionniste de la science ! Et le tout sans contradicteur : la polyphonie, qui est à  la base du journalisme, a disparue.

Alors, la controverse relancée ? Etonnamment, elle est relancée dans la société civile. Car ce documentaire diffusé sur la chaîne britannique Channel 4 le 8 mars est destiné au grand public — tout sauf un moyen traditionnel de faire de la science ainsi que l'avaient déjà  montré à  leur insu Allègre et Galam. Sans connaître les forces à  l'œuvre en coulisses, on peut constater qu'amener la controverse dans le public n'est qu'un moyen de susciter le débat pour éventuellement faire fléchir les politiques internationales — car quel intérêt s'il s'agit juste de dire "on vous ment" ? Preuve du rôle central du public, que l'on retrouvait déjà  dans la vidéo sur le maïs OGM MON863…

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